[modernisation libre de trois chansons du poète]
Amour de loin
X
Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse,
Puisque je dois loin de vous demeurer
Je n’ai plus, pour me réconforter,
Qu’un souvenir qui nourrit l’allégresse.
En allégeant, par l’Espoir, ma détresse,
Le temps ? Je consens, de cette façon, à le passer,
Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse,
Puisque je dois loin de vous demeurer.
Comme mon cœur las, bien rempli de tristesse,
A voulu avec vous s’en aller,
Jamais je ne pourrai le retrouver
Avant d’apercevoir votre belle jeunesse ;
Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse.
✵
Consentement ?
XIII
Votre bouche dit : embrassez-moi !
C’est ce que je comprends quand je la regarde ;
Mais Danger, de très près, la garde
Et j’en reçois une grande douleur.
Accordez-moi, en toute confiance,
Un doux baiser, sans plus tarder.
Votre bouche dit : embrassez-moi !
C’est ce que je comprends quand je la regarde.
Danger me hait, je ne sais pourquoi,
Et Empêchement toujours me transperce.
Je prie Dieu de le brûler d’un feu terrible :
Il est temps qu’il se taise.
Votre bouche dit : embrassez-moi !
✵
Dîtes-le tout bas
XVI
Voulez-vous bien
Que je sois à vous ?
Je veux me rendre
Être pris ou délivré.
Un seul mot l’emportera :
Dîtes-le tout bas, qu’on ne l’entende.
Voulez-vous bien
Que je sois à vous ?
Malgré les jaloux
Je tiendrai ma promesse.
Eh bien, ma joie,
Accordons-nous :
Le voulez-vous ?