[modernisation libre de trois rondeaux du poète]
Cycle du mélancolique
Toute de larmes enluminée
VII
Dans le livre de ma pensée,
J’ai vu mon cœur en train d’écrire
La vraie histoire de la Douleur
Toute de larmes enluminée ;
Il effaçait l’image aimée
De mes plus agréables plaisirs
Dans le livre de ma pensée.
Hélas ! Où l’a trouvée mon cœur ?
De grosses gouttes de sueur
Coulent de ses tempes, car il travaille
À cela, jour et nuit,
Dans le livre de ma pensée.
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« le désespoir a dix-sept paires de jambes »
XXX
Au puits profond de ma Mélancolie
Soif de paix me fait convoiter
L’eau de l’Espoir, que je ne cesse de tirer,
Même si, souvent, je la trouve tarie.
Un instant, je la vois nette et éclaircie,
Et juste après, troublée et gâtée,
Cette eau d’Espoir, que je ne cesse de tirer,
Du puits profond de ma Mélancolie.
C’est l’encre dont je me sers
Quand j’écris ; mais, pour m’énerver,
Fortune déchire mon manuscrit
Et jette tout, par méchanceté,
Au fond du puits de ma Mélancolie.
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Labyrinthique
XLIV
C’est la prison de Dédale
Que ma Mélancolie.
Quand je la crois abolie,
J’y entre de plus en plus.
Quelquefois, j’entreprends
D’y rencontrer le Plaisir heureux…
C’est la prison de Dédale
Que ma Mélancolie.
Même l’existence de Tantale
Ne fut aussi malheureuse ;
Ni, quoiqu’on en dise,
Celle d’un chartreux, ermite ou moine :
C’est la prison de Dédale !