Mon amie,
J’envoie cette carte au hasard, en sachant bien qu’elle te trouvera tardivement, ou peut-être pas ; tu es sans doute ailleurs, dans un de tes éternels voyages, où tu observes, notes, prépares des rapports lus par on ne sait qui. Tu regardes sérieusement l’horizon et les visages, y cherchant quelque chose qui nous échappe à tous. Entre deux aéroports, tu prends le temps de rêver, mais vélocement, dans l’urgence. Si j’étais taquin, je dirais que tu es l’écologiste avec le bilan carbone le plus délirant du monde. Quant à moi, assis au bord du fleuve, je voyage maigrement, en touriste intérieur. Qui de nous deux aura vu le plus profondément ? Nous jouerons à ce jeu quand tu viendras me voir. Au plus tôt, je l’espère.