Romantisme et surréalisme

On continue à vouloir définir des mouvements littéraires. Cela fait enrager les universitaires, mais cela donne aux élèves quelques repères pour aborder les œuvres, historiquement et thématiquement, tout le monde n’étant pas voué à devenir universitaire. Du point de vue objectif, c’est un peu absurde, on ne peut pas tout dire, on coupe à la cisailleuse dans les oeuvres pour les faire entrer dedans. Mais on continue, parce qu’il faut bien s’occuper à quelque chose. Voici donc ma proposition.

Le romantisme. Nous sommes à Venise. Alfred de Musset et George Sand y vivent un amour idyllique, entre œuvres de maîtres et rêveries amoureuses sur les canaux. Musset tombe malade. Il est à l’article de la mort. Le célèbre médecin à son chevet annonce qu’il n’en a peut-être plus que pour quelques heures. Musset délire, observe des regards qu’il ne comprend plus, il agonise. Le lendemain, au réveil, il se sent mieux. Il sent à nouveau les odeurs, il entend les sons de la ville. Parmi ces sons, certains commencent à se détacher, sont plus proches. Son cœur bat, un sentiment d’horreur monte en lui, à mesure qu’il comprend que, dans la chambre à côté, George Sand et le médecin sont en train de coucher ensemble. C’est ça, le romantisme.

Le surréalisme. Nous sommes au Mexique. Le couple formé par André Breton et Jacqueline Lamba est accueilli par Diego Rivera et Frida Kahlo. André Breton et Diego Rivera discutent au rez-de-chaussée, en se servant verre sur verre. Frida et Jacqueline sont montées, officiellement parce que Frida, percluse de douleurs au dos, veut s’aliter, mais aussi parce qu’elle apprécie, de notoriété publique, très peu André. Diego parle et parle, André écoute et répond par monosyllabes. Au bout d’un moment, Diego se tait. Alors, ils entendent un bruit qui leur fait hausser les sourcils. Ils veulent être sûrs, dressent l’oreille dans le silence relatif, et la certitude se fait de plus en plus claire : leurs femmes, à l’étage, sont en train de coucher ensemble. Ils se regardent. Ils haussent les épaules, puis se servent un nouveau verre. C’est ça, le surréalisme.

10 réflexions sur “Romantisme et surréalisme

  1. 😉 Bonsoir,

    Objectivement …

    « L’amour est une chose simple, un désir suivi d’un acte bref, et le voilà ramené à ses justes proportions ; tout le reste est littérature. » ¡ !
    Maurice DONNAY (1859-1945)

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  2. Non, le surréalisme ce n’est pas ça – une passade amoureuse entre deux femmes, c’est justement la liberté revendiquée par ailleurs- et l’assimiler à cet épisode est une faute de goût ou simplement de compréhension face à un mouvement d’ampleur philosophique et politique par rapport auquel il semble que vous soyez plutôt éloigné.

    Mais rassurez votre morale : il ne s’en portera pas plus mal.

    D.H. :/:

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    1. Je relis mon texte, et je relis votre commentaire. Je peine à comprendre. Il y a deux options : 1° Vous étiez fatigué, avez réellement cru que je donnais des définitions de mouvements littéraires, contre toute évidence. 2° Vous êtes homophobe, cela vous a choqué. J’aimerais beaucoup que vous tranchiez, car dans la deuxième option je ne vous lirai plus. C’est dommage, car j’apprécie vos textes et photos et partages. Mais, vraiment, je ne comprends pas votre commentaire.

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      1. Votre analyse m’afflige.

        Je ne suis fatigué que par la longueur de vos textes, souvent d’ailleurs non relus.

        Me suspecter, en plus, d’homophobie est une insulte.

        Votre dernier commentaire public m’étonne de votre part. Jde ne souhaite donc plus partager avec vous la moindre phrase.

        D.H.

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  3. Non, le surréalisme ce n’est pas ça – une passade amoureuse entre deux femmes, c’est justement la liberté revendiquée par ailleurs- et l’assimiler à cet épisode est une faute de goût ou simplement de compréhension face à un mouvement d’ampleur philosophique et politique par rapport auquel il semble que vous soyez plutôt éloigné.

    Mais rassurez votre morale : il ne s’en portera pas plus mal.

    D.H. :/:

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  4. Concernant la phrase : « une passade amoureuse entre deux femmes, c’est justement la liberté revendiquée par ailleurs »… si vous l’aviez sérieusement lue, vous auriez vu que c’était justement un éloge de la liberté prônée par les surréalistes.

    Votre accusation stupide d' »homophobie » à mon égard montre la légèreté avec laquelle vous lancez cet anathème !

    Étrange… D.H.

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    1. J’ai été plus qu’énervé par votre commentaire et j’ai joué au plus con. Il n’empêche que votre propos s’indigne qu’on réduise le surréalisme à une passade lesbienne. C’est un réflexe homophobe. Dussiez-vous être le plus gentil et le plus déconstruit du monde, vous avez eu un réflexe homophobe.

      Que vous trouviez mes textes longs ne justifie pas que vous les commentiez sans les lire. Ce qui justifie mon énervement, c’est votre dernière phrase, sur ma supposée morale. Vous me traitez en vérité d’homophobe, peut-être sans vous en rendre compte. De fait, c’est vous qui jetez l’anathème stupide. Relisez vos commentaires, en plus de lire les textes avant de les commenter.

      Vous jetez un anathème stupide, je vous réponds de même. Ça fait drôle, hein ? Sauf que la fin de votre premier paragraphe traduit bel et bien une réaction homophobe de votre part, « oulala, on réduit ce grand mouvement à passade lesbienne, vous êtes éloigné du surréalisme dites donc ». C’est vous qui faites le dégoûté (« faute de goût » de parler d’un acte lesbien) malgré votre dénégation initiale sur la liberté.

      Vous avez le droit de le supprimer, cela prouverait une relecture, une réflexion. Moi aussi, il m’est arrivé d’écrire des âneries, c’est d’ailleurs pour cela que je m’efforce de m’abstenir de commenter. Réfléchir est utile.

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