Ouvrir février

Dans tous les sens (5)

Diogène Laërce attribue à Thalès l’organisation de l’année en 365 jours et en quatre saisons. Que faire de cette information ?


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De fil en aiguille, je découvre que Thalès n’est pas le découvreur du théorème qui porte son nom, ni Pythagore du sien. La première formulation écrite se trouve à chaque fois dans les Éléments d’Euclide, mais la découverte et l’utilisation se perdent dans les centaines d’années précédentes : Égypte, Babylone, Mésopotamie. Que faire de ces informations ?


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Il fait gris, puis bleu, puis gris. Je clos Un Peuple de Stéphane Bouquet. J’en parle demain, avec plaisir, dans la chronique dominicale, à peine commencée. J’improviserai. On improvise toujours plus ou moins. J’enchaîne avec Nedjma de Kateb Yacine, autrefois commencé et jamais terminé. Cette fois-ci, je plonge au cœur, j’avance la lecture d’une traite.


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Correction de copies. En 3e, pas de progrès des élèves en grammaire. Semi-échec. On se console (je dis « on » car la majorité des enseignants de Lettres se consolent ainsi) en disant qu’ils s’en sortiront en compréhension et interprétation, ainsi qu’en rédaction. Le barème de l’oral du Brevet, oral au coefficient délirant, leur assure de toute façon l’examen, sauf décrochage scolaire. « Sauf décrochage scolaire », cela fait tout de même un paquet d’élèves. On n’est plus consolés.


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Kateb Yacine écrit dans un temps où l’on ne croyait plus à cette fiction qui veut qu’une histoire ait un début, un milieu et une fin. Je me sens chez moi dans sa polyphonie et sa non-linéarité.


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On ouvre février, mais février n’a sans doute lui non plus ni début, ni milieu, ni fin. Si on se fixe ces repères, nous dit Diogène Laërce, c’est la faute de Thalès. Vous dites « c’est l’hiver », et c’est la faute de Thalès. Mais Thalès, comme février, est une forme de légende : les Grecs lui attribuent des avancées collectives. Il fallait mettre un nom pour se repérer dans le divers du réel. Va pour février.

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