Les folles semaines (3)

Le jeudi 13 juin et le vendredi 14 juin nous auront apporté un apaisement relatif. Le calme avant la tempête ? L’avenir dira. La bouffonnerie Éric Ciotti s’est enfoncée dans le délabrement dérisoire dont elle n’aurait jamais dû sortir. Les tractations ont continué à gauche, accompagnées de cortèges d’articles sur des accords putatifs. L’accord final est sorti ce midi, avec les mesures attendues, à la fois ambitieuses et présentées de manière rassembleuse. Dans ma circonscription, nous attendons toujours la confirmation officielle de notre candidat. Le plus probable est que le nom trouvé convienne peu à beaucoup de militants du Nouveau Front Populaire. Mais comment mettre tout le monde d’accord alors qu’on se prend la tête depuis des années ? Les querelles portent d’ailleurs tantôt sur les idées, tantôt sur les personnes, les deux s’entremêlant dans un brouillard épais où l’on ne sait plus quel était l’objet de la querelle. Peu importe. L’organisation matérielle se met en place : groupes d’organisation, constitution des tracts, préparation de la manifestation de demain, collages d’affiches. J’ai toujours détesté coller des affiches et distribuer des tracts, ce qui fait de moi un militant en carton ; je l’ai fait, mais toujours avec la boule au ventre, l’impression d’être regardé un témoin de Jéhovah, peut-être d’en être un. Je supportais mal qu’on vienne m’importuner dans la rue, comment pourrais-je aller importuner avec bonne humeur ? Tout cela, il faut le faire au milieu du travail qui continue, en ne mettant pas de côté sa famille. George Oppen et Carl Rakosi avaient fait, dans les années 30, le choix d’abandonner la poésie pour se consacrer entièrement à l’action politique. Je dois dire qu’à la fois je comprends, et à la fois mon tempérament (c’est-à-dire ce qui dépasse ma raison, ce que je suis incapable de changer même quand je sais devoir le faire) m’en empêche. Cependant je ne comprends pas non plus ceux qui continuent à écrire comme si de rien n’était, comme si l’époque ne les touchait aucunement. J’aurais aimé être capable de faire face à un événement, ou du moins capable de le mettre suffisamment à distance par écrit pour donner l’illusion de l’avoir saisi. Je l’avais fait après le 7 octobre, ce sont les deux textes les plus lus de ce site. J’aimerais le faire pour ce mois de juin. Seulement cinq jours sur vingt-huit sont passés. Ces folles semaines sont encore longues.

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