Proses critiques

La philosophie me fut obscure car je n’aimais pas le cœur de la philosophie, à savoir la métaphysique, la volonté de fonder une pensée. Dès l’entrée dans cette partie du savoir humain me sembla-t-il que rien n’était fondé. Ce que j’aimais, et qu’on range dans les rayons « philosophie » faute de mieux, c’est-à-dire faute d’un segment assez grand dans le champ des sciences humaines (ni vraiment sciences ni vraiment humaines), c’est ce que les Allemands appellent « Kulturkritik« , critique de la culture.


Convoquant ce terme, viennent en tête les aphorismes de Nietzsche et d’Adorno, parmi d’autres noms contemporains. Cependant, même chez des philosophes classiques comme Platon et Aristote, ce que j’aimais le plus, c’était la discussion des thèses de philosophes antérieurs. Ma partie préférée de la Métaphysique d’Aristote est le début, ce grand moment de tri dans les pensées passées ; le reste me lasse vite. D’autres noms, bien sûr : Plutarque, Montaigne, Pascal, Voltaire.


J’y songe parce que ces jours-ci P.V. m’encourage à creuser dans ce sens, à « régler mon instrument ». Il me propose des références contemporaines : Jean-Christophe Bailly, Eliot Weinberger. Je pense aussi aux feuilletonnistes de Diacritik : Guy Bennet, Christian Rosset.


Alors je songe à reprendre le matériau initial et à le réunir sous une forme plus fixe, ou semblant telle. Couper les départs dans tous les sens. Tantôt éclaircir, tantôt obscurcir. Relever le style, ou l’abaisser. M’en tenir à quatre paragraphes, deux longs et deux courts, comme pour rappeler la forme du sonnet, cette lointaine poésie dont je m’éloigne.

Une réflexion sur “Proses critiques

Laisser un commentaire