Avancées (1) : 26 décembre 2024

J’inaugure, comme promis il y a six jours, la série des « Avancées », journal centré sur la progression matérielle dans l’écriture. Il sera publié chaque mercredi ; je commence par un accroc (nous sommes jeudi), Noël en famille oblige.

Résolutions. Nouveau dossier, « 2025 », dans les « Scriptura », le gros dossier numérique où je place tous mes écrits. Dans le nouveau fichier secondaire : « Centiers » (dizains carrés), « Cent lieux » (sonnets en prose), « Poésie du dimanche » (série d’article sur la poésie contemporain, publiée le dimanche), « Avancées », « Journal ». A cela s’ajoute le cahier noir, acheté trois euros chez Action, dans lequel je ponds des vers libres où je laisse libre cours à mes tendances, répétition et manque d’unité, mais où le magma informe permet d’initier quelques idées, rythmes ou images intéressantes. L’idée est de publier un article d’ « Avancées » chaque semaine, même si je n’ai rien produit, ou très peu. Si je n’ai rien produit, ce sera sans doute lié au travail, ou aux maladies (la mienne ou celles d’une de mes filles), ou à que sais-je encore, et j’en rendrai compte pour me justifier. Je ne sais pas si ce genre d’écrit plus intimiste trouvera de l’intérêt chez les lecteurs, mais je le fais pour me forcer à travailler.

Situation. Les vacances sont propices au temps pour l’écriture. Tout est question d’organisation. Les écrivains parlent peu souvent de leurs emplois du temps. Je me souviens de Claude Simon qui s’imposait de rester de 8 h à 12 h devant sa table de travail, peu importe s’il parvenait à produire des phrases ou non. Victor Hugo avait un emploi du temps minuté. Je parle ici d’écrivains à plein temps. Du côté de ceux qui doivent travailler pour vivre, l’organisation change. Kafka procédait ainsi : sieste de deux heures au retour du travail, écriture la nuit, sieste de deux heures entre l’écriture et le départ au travail. Sur ce rythme, en moins d’une semaine, je ferais une dépression nerveuse. Encore moins d’écrivains durent travailler et avaient des enfants. Un écrivain qui travaille et a des enfants est presque une anomalie ; cela donne envie de relever des défis. Dans ceux que je connais, il y a bien sûr Pierre Vinclair, c’est d’ailleurs un objet thématique de son œuvre poétique. (Nous avons tous deux d’ailleurs deux filles, presque du même âge ; -sauf que je les ai eues dix ans plus jeune.) Bref, je n’ai pas un temps fixe dans la journée où j’écris. Je le vole : pause-déjeuner ; gratte-papier pendant que la petite fait des puzzles ; vaisselle express pour avoir une petite heure avant de manger). Pendant les vacances, c’est plus simple, il y a l’après-midi, quand Elena fait sa sieste. Encore faut-il avoir abattu les copies et les tâches quotidiennes lors du matin. Le souci change mais demeure : repas, activités, sorties prennent l’essentiel du temps (et c’est heureux, rien de tout ceci ne doit être pris comme une plainte).

Avancées. Cent lieux (sonnets en prose) : rien. Centiers (dizains carrés) : rien. Poésie du dimanche : Je continue de vouloir proposer cette chronique le dimanche, mais le titre ne me plaît plus. Cela me permet de maintenir une ligne légère, mais j’ai peur que certains prennent mal d’être associés à une chronique appelée « Poésie du dimanche ». Les susceptibilités sont nombreuses et jaillissent là où on les attend le moins, mais une certitude est que nombre d’auteurs de poésie contemporaine créent dans une atmosphère d’inaltérable sérieux. Une de mes résolutions pour l’année est de moins me disputer en ligne, autant que faire ce peu. Pas besoin de choisir dans l’urgence, car la première chronique sera dans une semaine et demie. « Chronique poétique » est à la fois banal et un peu pompeux ; « Terrain vague » est déjà pris par Christian Rosset ; quelque chose autour de « pause » irait trop vers cette vision de la poésie comme divertissement délassant avant de retourner aux choses sérieuses. Je cherche encore. En termes de contenu, j’ai d’ores et déjà reçu deux livres, l’un de Camille Ruiz et l’autre de Laura Vazquez. Les deux ouvrages m’obligent à remettre sur le tapis la question de la narration en poésie. Beaucoup d’idées me viennent, mais je commence des brouillons sur le mode que je regrettais dans mon précédent article : j’ai une tendance à la légèreté et à la surface dans mes analyses critiques. Je tente d’être plus concis et d’avancer des concepts. Cela m’est difficile. C’est un exercice qui m’oblige à trouver de nouvelles manières d’écrire.

Lectures :

-Terminé le Journal d’un écrivain de Virginia Woolf.

-Lu Petits travaux pour un palais de Lazslo Krasznahorkai.

-Lu le discours de réception de Marguerite Yourcenar à l’Académie française (contenant une très belle biographie intellectuelle de Roger Caillois).

-J’avance dans Raphaël de Lamartine.

Réseaux :

-Travaillé sur la page Philoctète de Wikipédia. Je voulais au départ produire un article pour ce blog, et le ferai peut-être, mais l’état de délabrement de la page encyclopédique m’a obligé à un travail d’ordre plus factuel.

-Écrit des bribes sur Babelio, plus pour le délassement que par véritable projet. Cela m’oblige néanmoins à un rapport réflexif sur des livres poétiques lus il y a désormais plusieurs années : qu’ai-je tiré, par exemple, de Baltiques de Tomas Tranströmer ? Simplement y réfléchir, même sans retourner en profondeur dans l’œuvre, m’a permis de me mettre au point sur une technique d’approche du quotidien et de la métaphore pour faire éclater les objets banals. C’est une avancée.

Bifurcations : entamé des brouillons autour du personnage de Philoctète, quelque chose qui ressemblerait à des méditations en vers libre.

Perspectives. Cet article est long, par rapport à ce que je voulais initialement proposer. Sans doute l’enthousiasme des commencement y est-il pour quelque chose. Du moins la forme est-elle fixée, accueillante, tout en permettant les phases de rêverie. Peut-être est-ce encore trop léger ? Je me laisse aller, les mots s’alignent et, comme j’écris souvent dans l’urgence, mes relectures sont inefficaces. La semaine prochaine, peut-être plus de concision ? Surtout, il me faut avancer sur le travail strictement poétique, c’est le gros manque de cette semaine.

3 réflexions sur “Avancées (1) : 26 décembre 2024

  1. « Poésie du dimanche »
    Moins bruyant que le « bricolo du dimanche »
    Peut-être qu’écrire pour écrire « en vérité », c’est s’aventurer au lands des mots sauvages à prendre au lasso et à relâcher aussitôt après les avoir contempler un instant.

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