Vivons et aimons, ma Lesbie, et que
Les rumeurs de boomers nous soient peanuts.
Le soleil meurt et renaît, nos lumières
S’endormiront dans la nuit éternelle.
Donne-moi mille baisers, puis cent, puis
Mille encor, puis cent autres, puis cent mille.
Cela fera beaucoup de milliers,
Et nous embrouillerons encor le compte,
Pour que les vieux envieux ne puissent nous
Porter la poisse par leurs grognements.
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Une nouvelle fois, j’ai tronçonné le poème pour qu’il entre dans dix décasyllabes.
Oui, Catulle écrit « que les rumeurs de boomers nous soient peanuts ». Je l’ai écrit, donc c’est la vérité. (Pas taper.)
D’après Suétone, les plus grandes peines de la vie de Jules César furent les vannes de Catulle. Les traductions anciennes édulcorent souvent ces insultes, qui n’étaient pas du goût classique. Au départ, j’avais envie de mettre pire.
Personne ne devait néanmoins mal prendre les injures de Catulle ; il insultait peu ou prou tout le monde, en particulier les gens qui lui devaient de l’argent ou qui lui réclamaient des dettes, et ceux qui voyaient d’un mauvais oeil son amour. Sachant qu‘il était dépensier et aimait une femme mariée (mariée à un autre, donc), ça faisait beaucoup de monde.
J’aime bien la chute de son poème,
Et qu’aucun envieux ne sache de combien
De milliers de baisers est faite notre ivresse!
Il avait une belle plume ce Catulle.
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