Avancées (4) : 15 janvier 2025

Résolutions. Arriver à terminer la chronique du dimanche. Cela sans négliger la correction des copies d’élèves. Passer plus de temps sur l’écriture personnelle, en particulier le travail poétique.

Situation. La fatigue fut si importante durant cette semaine que j’ai bien cru à des signes avant-coureurs de burn-out. Quelques douleurs, réveils dans la nuit, une crise d’angoisse passagère, levers difficiles. L’anamnèse expliquant cela nécessiterait des heures, et je ne connais pas de bons psychologues pour étaler mes problèmes qui sont somme toute un peu risibles : angoisse liée à l’information (le seuil de 1,5° de réchauffement climatique est déjà atteint) ; copies innombrables ; lecture de La Mort immortelle de Liu Cixin, ouvrage qui me replonge dans mon horreur cosmique ; sensation de ne pas avancer sur les projets qui me tiennent à cœur. Tant pis, je m’arrête, je prends un peu de bon temps. Vu les courts-métrages de Wes Anderson tirés des nouvelles de Roald Dahl ; cela m’a détendu. Prévenu les élèves que j’aurai un peu de retard sur le rendu des copies. Revu les ambitions d’écriture à la baisses.

Avancées. Réussi à terminer Le Livre du large et du long à temps pour écrire et publier la chronique le dimanche. Ma chronique est interminable, car je me suis laissé prendre au jeu des analyses de références (elles sont nombreuses). Je n’ai pas tenu ma résolution de ne pas me laisser aller à la rêverie, à la digression, de remettre un peu de concision dans ces chroniques. Il faut dire que le texte de Laura Vazquez s’y prêtait. L’article a reçu moins de lecteurs que d’habitude, ceci expliquant cela. J’essaierai de faire plus concis, la prochaine fois.

Le sonnet en prose est une forme qui ne me mène à rien. Je décrète « Cent lieux » en état d’abandon pour une durée indéterminée. Le dizain carré me convient mieux, j’avance un peu sur « Centiers ». Mais finalement, le grand projet que ressort de nulle part le weekend dernier, c’est le roman. Depuis très longtemps, j’ai un projet de roman sur la vie étudiante, j’en ai écris des dizaines d’ébauches, des dizaines de morceaux, avec à chaque fois le même problème que toujours : ça part dans tous les sens, il n’y a pas d’unité, -et, surtout, c’est bien trop pompeux, cela ressemble trop à un récit d’apprentissage à la romantique. Mais samedi, je roulais dans ma Dacia en songeant à l’oeuvre de Mircea Cartarescu (je compte lire Theodoros prochainement ; ma grand-mère me l’a offert à Noël), parce qu’il y a toujours des Dacia chez Cartarescu ; -une Audi blanche me dépassa à une vitesse stupéfiante, et j’eus soudain l’illumination. Par une espèce de superstition peut-être stupide, je n’en dirais encore rien, car cela ne mènera sans doute à rien, je préfère ne pas faire d’annonce. Mais j’ai trouvé quelque chose qui pourrait unir le fatras d’esquisses. Pendant que ma grande fille faisait du poney, j’ai écrit frénétiquement sur mon téléphone, repris plein d’idées antérieures, et cette fois-ci tout semblait unifié, couler de source, je sais où je vais, la conclusion du récit est déjà écrite, il ne reste plus qu’à retravailler les épisodes, mettre au clair quelques idées. La difficulté étant la suivante : tout ce que j’ai écrit jusque-là, dans ce semblant de roman, est radicalement déprimant. Il y a d’un côté la tentation de la complaisance dans l’ombre, de l’autre la tentation d’adoucir certains passages, au risque d’enlever de la profondeur. Par ailleurs, la découverte d’une trame narrative fait que les recherches formelles s’estompent, tendent à s’écraser. Disons que je m’amuse moins quand je ne cherche plus, quand j’en suis à abattre de la rhétorique. Et si j’en suis à « abattre de la rhétorique », c’est vraisemblablement que le texte devient moins intéressant. Mais la résolution de 2025 était de m’astreindre à de la discipline, alors pourquoi pas ? On verra bien.

Je suis passé de Catulle à Horace. Autant Catulle se prête à réinterprétations, à traductions légères, autant Horace pose des problèmes autrement plus ardus. Je ne suis parvenu à rien le concernant.

Avancé dans la lecture de Profil élégie de Dominique Quélen. Livre qui m’inspire beaucoup de réflexions. Lecture lente, posée, je m’efforce d’entrer dans les nuances du texte mais, dès la deuxième partie, beaucoup me résiste. C’est très vivifiant, néanmoins. La chronique de dimanche prochain est dans un état de brouillon très avancé. Cela évitera l’urgence de la semaine précédente.

Relu Anabase de Saint-John Perse et je me dois de vous dire que ce texte est un de mes préférés.

Perspectives. Écrire moins pour écrire mieux. Ne pas fixer d’objectifs délirants, abandonner les résolutions annexes pour se concentrer sur la principale : pas de burn-out en 2025.

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