Beau et froid, pluie et chaud, alternativement. De la neige sur le Bugey, du brouillard dans les vallées.
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Au musée des Beaux-Arts de Lyon, traversée historique. On est toujours surpris quand on découvre ce qu’on croyait connaître.
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Les fragments de civilisation égyptienne : suffisamment impressionnants pour interloquer, avec insuffisamment de connaissance historique (je ne parle que pour -moi-même) pour territorialiser : aussi est-ce le territoire du rêve.
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Fragments d’Egypte : l’art des tombeaux. Toute une civilisation visible par la mort. Ce qui reste, c’est la tombe. Bâtir de belles tombes et de belles marches funèbres devrait être notre souci quotidien.
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Ensuite, des milliers de Christ. On a plus vu de visages de Christ qu’on n’a vu d’étoiles dans le ciel. C’est peut-être l’erreur du christianisme : avoir mis le Christ partout lui aura fait perdre son aura sacrée.
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Parfois, je m’en veux d’écrire trop vite, je voudrais me relire sans cesse, ciseler, enluminer. Puis je me rappelle que les rares fois où l’on m’a félicité pour un texte, c’était (réellement à chaque fois) un texte écrit à toute vitesse et non relu. Dès que je pense, je me sclérose.
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Quelle est la bonne attitude dans un musée ? Probablement il faudrait y aller pour quatre ou cinq oeuvres. Jeter un oeil rapide à tous les objets et tous les tableaux est une activité vaine. Oui, mais quand on découvre ou redécouvre un musée, que faire ? Se laisser aller au hasard des captations du regard ? Autrefois m’avaient frappé un Saint Jean Évangéliste, puis une Lapidation de Saint Étienne, ainsi que par le cycle Le Poème de l’âme, qui occupe une salle entière, au bout du deuxième étage. Cette fois-ci, plutôt Saint Dominique et saint François protégeant le monde de la colère du Christ (Rubens), Charing Cross Bridge de Monet, La Lecture d’Henri Fantin-Latour, et deux encres de Chine de Bernard Pruvost. Pourquoi ? Difficile à savoir, encore plus à exprimer.
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Autrefois, jeune, j’avais apprécié Le Poème de l’âme de Louis Janmot. Cela m’avait semblé beau et spirituel. Aujourd’hui, j’ai trouvé ça très superficiel, une bondieuserie de peu d’intérêt.
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Le grand bémol du musée des Beaux-Arts de Lyon était l’éclairage. Beaucoup de toiles étaient très peu visibles. Le problème est aujourd’hui réglé. C’est devenu un musée agréable.
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Fantin-Latour, La Lecture. Aucune des paires d’yeux n’est clairement visible, ni aucune tranche des livres. Tout est intériorité. Impression renforcée par la scène d’intérieur (mur proche derrière les personnages). Renforcée aussi par les habits noirs, table sobre, chaises sobres, avec tout de même un vaste de fleurs colorées. La femme de droite lit, mais on ne sait pas si elle lit à haute voix, pour partager avec celle de gauche. Tout a l’air silencieux, non-dit. Le livre de la femme de gauche est posé sur la table. On a l’impression qu’elle va parler. En tous les cas, la lecture n’est pas présentée ici comme une activité heureuse, émerveillante, quand chez Renoir par exemple ; c’est une activité d’intérieur comme une autre.

Pour ma part, quand je vais au musée, le même ou un nouveau, je laisse aller mon regard et m’arrête sur quatre, cinq œuvres tout au plus durant ma visite (de plusieurs heures).
Je déteste et juge vaines les déambulations dans ces lieux.
Merci pour le plaisir de vous lire!
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Une toile dans la vraie vie bouge au gré des lumières de la journée, la rendant vivante. Le musée la fige dans une lumière fixe, qui rend l’œuvre inerte, mais bon, on ne peut pas avoir des toiles de grands peintres dans notre salon. Pour moi, quelques œuvres, un petit peu à la fois. Merci.
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Ce qui est fascinant dans cette scène de « lecture » de Fantin-Latour, c’est que l’attention est complètement détournée de la lecture, vers l’intériorité ; du lieu, de chaque personnage, de leur relation qui semble sur le point de déborder, ou d’exploser, ou de s’engouffrer dans l’abîme de leur costume noir.
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