Au musée de Grenoble, la semaine dernière, une salle et une expérience étrange. Découverte de tableaux de Victoria Dubourg. Le nom m’est inconnu. Sentiment d’étrangeté devant un tableau représentant sa soeur. Où l’ai-je déjà vue ? Plus tard, un portrait de Victoria Dubourg par Henri Fantin-Latour, et elle aussi, je l’ai déjà vue quelque part. Le carton donne : « Portrait de Victoria Dubourg, épouse de l’artiste ». Tout s’éclaire alors : sur le tableau La Lecture de Fantin-Latour, que j’ai commenté la semaine précédente car c’est un des meilleurs du musée de Lyon, je disais qu’il y avait « deux femmes ». À Grenoble je l’apprends : à gauche est représentée sa belle-soeur (Charlotte Dubourg), à droite son épouse ( Victoria Dubourg). Le style de Dubourg ressemble à celui de Fantin-Latour. Quelques recherches donnent à lire l’information suivante : « Victoria Dubourg fut la première et meilleure élève de Fantin-Latour. » La disposition de la salle, au musée de Grenoble, donne plutôt l’impression du contraire. Je maîtrise mal ces deux artistes, mais cela donnait envie de considérer plutôt Fantin-Latour comme l’élève de son épouse, et s’imaginer que le temps avait invisibilisé la femme. Peut-être est-ce faux, je n’en sais rien, mais je note que c’est ce à quoi l’époque nous invite à penser. La lecture a pris une place importante dans mon musée intérieur.

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Les classements, les listes, les courbes et les tableaux m’ont toujours fasciné. C’est bouleversant, parfois. Ainsi n’ai-je jamais vraiment fait attention à mes lectures de bande dessinée. J’en lis, ça me divertit, parfois ça me transporte, je fais dans ma tête une ou deux remarques d’ordre esthétique, mais n’ai pas le vocabulaire adéquat, ni la culture savante dans ce genre qui me permettrait de tenir un propos digne d’intérêt. Je ne suis d’ailleurs pas du tout sûr d’y avoir bon goût. Sur SensCritique, je tenais le compte de mes lectures ; livres et bandes dessinées sont séparées par la base de données du site, si bien que je voyais l’écart entre le nombre de livres et celui des bandes dessinées, ce dernier bien plus bas. Sur Babelio, les bandes dessinées sont comptées parmi les livres. Cela fait que, quand je vais dans mes statistiques depuis le début de l’année, ceci apparaît : le genre que j’ai le plus lu, devant la poésie, c’est la bande dessinée ; les deux auteurs que j’ai le plus fréquentés cette année sont Riad Sattouf et Manu Larcenet. Un jour, peut-être, il faudra que je fasse un retour critique sur ces lectures-ci.
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Au pied du Grand Colombier,
un passant passait et réfléchissait
à la notion de scène.
Le théâtre du monde, tout ça.
Une grande clarté l’environnait,
comme après la pluie.
Au loin les Bauges ne proposaient
aucun discours, aucune rhétorique,
aucune terreur non plus, rien que
des arbres vert clair ou vert foncé
au-dessus du Rhône.
Le passant disait qu’il voulait
devenir maître zen, manière subtile
de dire qu’il n’en avait rien à foutre.
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Avec une estampe de Hasui Kawase, simple plaisir sans justification.

L’estampe de Hasui Kawase apparaît à la fin de votre article comme une joyeuse *chute*, soit justement parce qu’il n’y a aucune raison, soit peut-être à cause du contraste de couleurs avec le portrait de Charlotte Dubourg. Quant à cette toile, elle m’a fait penser au portrait qu’Edvard Munch a fait de sa sœur Inger en 1884, donc quatorze ans plus tard. Pas le même style bien sûr, mais des points communs. Je ne peux copier-coller ici, mais essayez ce lien :
https://fr.artsdot.com/@@/6WHK7P-Edvard-Munch-
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Très beau portrait en effet, avec une espèce de tristesse vague, avec un fond beaucoup plus sombre pour Munch.
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Good 👍
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