Ça n’avance pas. Après la fin de correction des brevets blancs, phases de grande fatigue. Un jour avec, un jour sans. Entre-temps, les paquets de 6e se sont accumulés ; cette semaine-ci est chargée également. Pas de chronique la semaine dernière, peut-être pas cette semaine, selon le temps et la volonté. Avec la fatigue revient le papillonnage. Lu un roman pour enfant acheté pour ma grande, Le Vieux fou de dessin, de François Place. C’était un bon moment. Le livre est très bon pour des enfants de neuf ans. Lu Mûres Métamorphoses de Makenzy Orcel, sans grand plaisir : le livre est certes construit, mais c’est la ritournelle habituelle, éthérée, des jolis mots assemblés, -ça fait plaisir quand on commence à lire de la poésie, puis peu à peu, à force, on s’y ennuie. Lu Deleuze Memories de Frank Smith. Figures-vous que je l’ai acheté en croyant que c’était un recueil de poèmes. C’était bien (mais pas un recueil de poèmes). J’adhère à tout ce qui se fait autour de Deleuze. Terminé les poésies de Catulle, dans l’édition Guillaume Budé. Vieille traduction pudibonde qui m’avait donné envie, ici, d’en retraduire deux ou trois. On aime Catulle comme Villon ou Marot ou Réda : maîtrise technique et légèreté de ton. On admire l’auteur et en même temps on aurait envie d’être son pote. Là, comme ça, on doit croire que j’ai beaucoup lu ; en vérité je termine quatre livres très courts.
Je sens monter la fatigue et l’aigreur. Les semaines qui précèdent les vacances sont toujours les plus dures : les élèves en ont marre, enchaînent les évaluations, ne veulent plus être là, et leurs professeurs de même. C’est le moment où l’on constate tout ce qu’on n’a pas fait sur la période, tout le retard accumulé. Je coche les actions réalisés dans la liste « à faire », mais la liste ne dégrossit jamais. On croit qu’on travaille pour ne plus travailler ensuite, mais en vérité on travaille pour pouvoir travailler encore plus ensuite. Il y a un passage d’Aristote sur cela, cette absurdité d’agir pour ne plus avoir à agir : le cycle ne s’arrêtera pas, il faut le couper à la racine. C’est dans Les Politiques, un peu avant le passage où il justifie l’esclavage, ceci expliquant cela : il est plus facile de vivre dans la contemplation quand la réalité matérielle est gérée par des esclaves. Bref, je ne sais pas pourquoi je lâche une balle perdue pour Aristote, avec une critique éculée, alors que j’aime beaucoup ce philosophe, -je suis souvent le plus méchant avec les auteurs que j’aime le plus.
Les statistiques sont les suivantes : depuis le 1er janvier, 31 pages en libre office, Times New Roman taille 12, pour les « Poésies du dimanche » ; 21 pages pour le journal intitulé « Avancées » ; 5 pages pour des poèmes éparpillés ; 8 pages de dizains (à trois par page, cela fait 21 fois cent syllabes) ; dans mon « bingo 2025 », j’espère encore pouvoir réaliser l’item « ne pas tomber en burn-out », les autres velléités tombant une par une à l’eau. J’aurais, comme toujours, réussi à écrire sur le fait de ne pas parvenir à écrire, et composé quelques rêveries. Ce sera déjà, peut-être, quelque chose.
« Je coche les actions réalisés dans la liste « à faire », mais la liste ne dégrossit jamais. On croit qu’on travaille pour ne plus travailler ensuite, mais en vérité on travaille pour pouvoir travailler encore plus ensuite. » : tellement la même impression…
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