Pour avancer, il faut faire des efforts, ou attendre que le vent nous pousse. Parfois on attend que le vent pousse, alors qu’on devrait faire des efforts ; parfois on fait des efforts vains, alors qu’on aurait mieux fait d’attendre une occasion plus opportune. Il n’y a pas de règle.
Les tensions montent petit à petit. Eu l’impression d’attaquer ma semaine en devant me mettre en ordre de bataille. Délégation pour voir le chef d’établissement ; organisation d’heure syndicale ; recherches d’informations ; ultimes tentatives pour colmater les difficultés de beaucoup d’élèves de 3e. Cela a fini par sortir, au bout de deux heures de cours pénibles : « Cette année, ni vous ni vos enseignants n’ont réussi à exploiter votre potentiel, ces derniers mois furent du gâchis. » Un enseignant ne devrait pas dire ça, mais la vérité même amère peut toujours servir. D’autant plus difficile quand on a, l’après-midi, deux classes avec lesquelles on avance mal, alors qu’on a eu le matin deux classes de 6e avec lesquelles on a tracé dans la bonne humeur.
Très bien avancé dans Guerre et Paix la semaine dernière, puis plus grand-chose en début de cette semaine. Fautifs : dernières copies, derniers bulletins, préparation du jury des oraux du bac. Le soir je lis Le Message réisophique de Laurent Albarracin. Que c’est bien ! Exactement le genre de livres que j’adore lire : aphorismes labyrinthiques, réflexion philosophique ironique et poétique et fragmentée.
La vérité, c’est que ce weekend Lelia voulait regarder Dune, et que nous avons enchaîné cinq heures de film, au mépris de tout travail et de toute écriture. Aucun regret, c’était formidable de les revoir. Je sais que le bon goût oblige à avoir de la distance avec ces productions hollywoodiennes, mais le fait est que j’apprécie la science-fiction et suis resté bon enfant et bon public. Je n’aime pas particulièrement le roman de Frank Herbert. J’avais revu plusieurs fois le film de David Lynch (oui…), dont la première partie est très sous-estimée ; la dernière demi-heure est complètement ratée, aussi le film est-il un échec ; on voit très bien le moment où les producteurs ont repris le film en main puis ont massacré le montage ; c’est une tragédie cinématographique, qui me touche. Sans cela, le film de Lynch serait un des chefs-d’œuvre du genre. Aussi, dans la version de Denis Villeneuve, j’apprécie certes la première partie, mais surtout la deuxième : il a pu, lui, prendre le temps de déployer le récit, l’épique et le problème messianique. Même Timothée Chalamet est convaincant, ce qui prouve bien que tout le monde a été touché par la grâce.
Écouté des albums (Squid, Steven Wilson). Pas avancé dans Les Cavales d’Hervé Micolet, que je réserve pour plus tard, comme le livre de Guillaume Vissac dont j’ai parlé sans en parler, et puis un Joachim Séné que je comptais lire dès sa sortie le 10 juin, mais Tolstoï en a décidé autrement. Reçu aussi Grand Poisson de Fabrice Sanchez. Terminer Tolstoï, puis entendre la voix de Booba scander « Ma question préférée : qu’est-ce j’vais lire en Corse cet été ? »