P. électronique

Peu de poèmes de science-fiction, et peu
de poèmes électroniques. Ezra Pound, Louis
Zukofsky furent à peu près les seuls : poètes
du sample, poètes DJ, sursaturés. Sans doute
eussent-ils détesté l’électro, eux qui ne juraient
que par Bach. Tu amènes une citation, tu la
découpes, en intègres une autre, ajoutes un
mot de ton cru, le rythme est nouveau, c’est
un nouveau poème : tu pourrais presque
le lire en boîte de nuit. DJ Medhi avait compris
cela : l’identité entre le riff furieux, le son de
platine saturé et le back rageur sur un morceau
de rap hardcore et la trille de violon et le
solo de saxophone. De même Sand et Beckett,
Ovide et Duras, Breton et Saphô, Yourcenar
et Burroughs, une seule vague qui roule
sa hanche en titane jusqu’à nous. Une seule
musique pour les enjailler tous, un seul
poème pour les envoler tous. Et chacun
trace sa route dans ce labyrinthe. Et chacun
dérive dans ces sons surgis du sens.

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