1. Il n’est ni belge ni surréaliste.
C’est sa notice biographique dans Le Désespoir, avec modération qui a l’amabilité de nous en informer. Nous sommes donc rassurés et pouvons entamer la lecture sans crainte.
2. « L’homme flou accuse le brouillard. »
(Le Désespoir, avec modération, p.9.)
3. Il a un point commun avec Brigitte Bardot.
Paul Lambda aime les animaux. Les épigraphes de ses livres sont des dédicaces à des animaux souvent exotiques. « Aux taupes assassinées / aux koalas / aux kangourous carbonisés / et aux dromadaires sauvages » (Le Désespoir, avec modération), « au dodo disparu » (Les Icebergs de la mélancolie). Cela lui fait un point commun avec Brigitte Bardot, mais un seul. Il ne s’adresserait, je l’espère, jamais aux chats et aux chiens, car je suppose qu’il milite comme moi pour que nous mangions tous les animaux dits « de compagnie ».
4. « PERDU
ENFANCE
FORTE RÉCOMPENSE »
(Les Icebergs de la mélancolie, p. 19.)
5. Il n’a qu’un seul point commun avec Bernard Pivot.
Bernard Pivot a publié un livre entièrement composé de ses tweets. Les aphorismes de Paul Lambda ont pour beaucoup déjà été publiés sur Twitter (peut-être tous, une grande flemme m’a pris de tout vérifier). Cela fait un point commun entre Paul Lambda et Bernard Pivot, heureusement il n’y en a pas d’autres.
6. « Tu es poussière mais un aspirateur te cherche. »
(Les Icebergs de la mélancolie, p. 48.)
7. Ses livres conviennent aux enfants et aux pandas.
C’est la quatrième de couverture du recueil Le Désespoir, avec modération qui nous en informe. Nous n’avons donc aucune excuse valable pour ne pas le lire.
8 « – Tu joues de quoi ?
– De la chaise électrique. »
(Le Désespoir, avec modération, p. 46.)
9. L’aphorisme est chez lui un dada dada.
S’il n’est pas surréaliste, Paul Lambda est sans doute dada. Son dada est dada, c’est Paul Lambdada.
10. « Le responsable de la rubrique, au bout de vingt-quatre heures d’interrogatoire, avoua que c’était bien lui qui avait écrasé les chiens. »
(Le Désespoir, avec modération, p. 47.)
11. Remarque sur l’aphorisme comme dada dada.
L’aphorisme est manié traditionnellement par les moralistes classiques, pour donner une vérité psychologique ou de caractère en peu de mots. Très peu de cela chez Paul Lambda, où l’aphorisme fait plutôt éclater le sens, où les passages fantastiques sont nombreux, du type : « -Je suis venu par le pont. –Quel pont ? –Tu sais, le petit pont, là-bas. –Il n’y a jamais eu de pont. » (Le Désespoir, avec modération, p. 43.) L’usage n’est pas non plutôt philosophique au sens strict, loin en tout cas de celui de Nietzsche, Cioran ou Wittgenstein. Il n’y a pas non plus un simple sens du détournement, comme dans les Poésies de Lautréamont, qui manient l’inversion de maximes traditionnelles, ce que Guy Debord fit plus tard de même dans La Société du spectacle, livre dont on n’a pas compris la dimension parodique. Ce n’est pas non plus une recherche poétique abstraite comme celle que René Char cimenta dans les Feuillets d’Hypnos, puisque les situations montrées par Paul Lambda marquent par leur concrétude, leur aspect de scène avec effet de réel plutôt que simple sentiment hermétique. Il ne me semble pas que l’usage fait par Paul Lambda de l’aphorisme se retrouve ailleurs, aussi l’idée d’un aphorisme comme dada dada est-elle une manière de souligner un usage singulier, donc digne d’intérêt.
12. « Franchement, poser nu avec un chaton pour vendre son nouveau livre ne fut pas sa meilleure idée. »
(Les Icebergs de la mélancolie, p. 45.)
Une réflexion sur “Douze raisons de lire Paul Lambda”