Catulle, 2

Heureux passereau, heur de mon amour,
Elle joue avec toi, te tient en main,
Elle te donne le bout de son doigt ;
Quand cette beauté, objet de mes désirs,
Se livre à ce consolant badinage,
Qui a pour elle je ne sais quel charme,
Elle apaise quelque peu, j’imagine,
Les tourments de notre passion brûlante ;
Puissé-je ainsi m’amuser avec toi
Et alléger les soucis de mon coeur.

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Pour le faire entrer dans un dizain carré (non rimé), j’ai quelque peu tordu ce poème, le deuxième des éditions de Catulle.

J’ai suivi l’édition des Belles Lettres, collection Guillaume Budé, m’aidant de la vieille traduction de Georges Lafaye, qui est en prose et amoindrit (de manière assumée) l’érotisme et les insultes, coutumières chez le poète latin.

Catulle est un poète du premier siècle avant J. C. Ce poème date vraisemblablement de 61 ou 60 avant notre ère. De l’avis des historiens latins postérieurs, Catulle était avec Lucrèce le poète latin le plus renommé de cette époque.

Il acquiert une importance particulière pour nous, car notre histoire poétique est marquée par le sceau du lyrisme, ce qui est loin d’être une évidence pour les antiques. (Le lyrisme est ainsi presque absent de la Poétique d’Aristote.) Catulle s’inspire de Sappho (il surnomme d’ailleurs sa maîtresse Lesbie), d’Archiloque, et surtout des poètes alexandrins, dont le plus grand fut sans doute Callimaque. À côté des vastes épopées, des poèmes philosophiques, des tragédies, il insère la petite voix personnelle de l’individu, observant tantôt avec amusement, tantôt avec peine, tantôt avec énervement, les aléas du monde, de la fortune et de ses contemporains.

Cela dans une forme extrêmement contrainte par la prosodie latine, et en ajoutant des exigences prosodiques par rapport à ce qui se faisait à son époque, tout en étant rétrospectivement plus libre que ce qui se fera ensuite.

Ouvrant cette édition achetée en bouquinerie il y a quelques jours, il m’a semblé discuter avec un contemporain.

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