Que nous rappelle la fatigue ? C’était le sujet de ma première « colle » en khâgne. Je me souviens du sujet, mais pas de ce que j’ai dit, mis à part une citation de Saint-John Perse que j’avais inventée pour l’occasion de mon introduction. Celle-là, je m’en souviens : « La fatigue est une perle qui nous ramène à la mer. » L’examinateur m’a félicité pour mon introduction et pour l’utilisation de « cette très bonne citation » ; il m’a ensuite gentiment fait comprendre que le reste n’était pas bon. Quand je repense à cette année en termes scolaires, je crois que cette citation inventée m’a donné le seul moment où l’on m’a dit quelque chose de positif. Mais c’était l’année de la rencontre avec Anaïs, donc tout le reste est oublié.

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L’Éducation nationale irait très bien si elle ne devait faire face qu’à une baisse de niveau des élèves. Son bien plus grand problème est la baisse de niveau des adultes.

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Je lis Olga Tokarczuk. Cela m’apaise. Je lis Charles Pennequin. Cela me rafraîchit. En ce moment, j’apprécie même Pierre Corneille, avec Le Menteur. Comme quoi tout arrive.

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L’aventure dans l’Éducation nationale fonctionne comme la narration dans L’Éducation sentimentale : velléités avortées, incompréhensions mutuelles et, à la fin, on repensera sans doute à telle ânerie faite par un élève, en se disant : « C’est ce que nous avons eu de meilleur ! »

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Aujourd’hui, face aux tensions génocidaires à Gaza, Emmanuel Macron a menacé Israël d' »actions concrètes ». Formidable aveu : jusque-là, c’était le néant. Désormais, le monde tremble : Emmanuel Macron a menacé d’actions concrètes. Les députés de son bord tiennent maintenant les mêmes propos que les députés de gauche qu’ils vilipendaient avec leur violence habituelle. Et pendant que tout le monde s’invective, les morts s’entassent.

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Pour conclure, une vraie citation de Saint-John Perse, issue d’Anabase, V.

Pour mon âme mêlée aux affaires lointaines, cent feux de villes avivés par l’aboiement des chiens…

Solitude ! nos partisans extravagants nous vantaient nos façons, mais nos pensées déjà campaient sous d’autres murs.