L’eau coule. Sous ma fenêtre, l’eau
coule. Depuis que j’ai lu Siva de
Philip K. Dick, je songe au Samaël
gnostique, à ce monde incohérent
troué d’une logique venue d’ailleurs.
Les cartes se rebattent. Les lecteurs
aiment quand c’est clair, et moi aussi ;
pourtant rien n’est clair dans le monde.
Cependant je lis Spinoza, peut-être le
plus opposé du monde au gnosticisme.
De délire en délire, je me rappelle De
leuze et Guattari, « Dieu est un homard. »
Quand le cerveau est douloureux, c’est
la pensée qui entre. Prendre le temps
d’exister. La montagne est là, faudra-t-il
encore la gravir ? Roches, arbres, courbes
en imposent, la montagne en impose.
La réalité est ce qui demeure quand on a
cessé d’y croire. Religion comme poésie
ont toujours été proches de la folie. Le
sacré est une dimension fantastique :
est-ce vrai ou l’autre est-il cinglé ?
Aussi les meilleurs poèmes sont-ils les
plus terre-à-terre. L’eau coule, quelque
part près du Grand Colombier. La montagne
en impose, les toits ont des tuiles, des
livres sont posés sur la table. J’ai mangé
une pêche plate. Le réel est un labyrinthe
suffisamment complexe comme cela.
Pour moi, ici, quelque chose d’une jouissance.
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