Le mot liberté n’est pas un mot libre. Le mot liberté n’est pas naturellement libre, mais il doit le devenir.
[Pourquoi « doit » ? D’où vient l’injonction ?]
Le mot liberté n’a pas d’ailes. Comme l’humain, il a besoin d’un long travail de construction, pour finir par voler.
[Mais attention, l’avion ça pollue.]
Il y a le choix de la foi : on peut croire que le mot liberté est libre, de même qu’on peut croire que le mot amour est amoureux.
[Si vous croyez au mot liberté et au mot amour, vous croyez un peu en Dieu. Nietzsche a dit.]
Les ennemis de la liberté n’ont que le mot de liberté à la bouche. Ce devrait être un signe : plus il parle de liberté, plus il veut asservir.
[Le libéralisme : sois libre, tais-toi et aime l’argent. Le fascisme : liberté pour les forts, esclavage pour les faibles.]
Le mot liberté n’est pas plus sale d’être passé par tant de bouches. Pas plus sale que « bisous » ou « rêve » ou « merde » ou « dormir ».
[Mais il a le désavantage de l’abstraction, de l’idéalisme des profondeurs, de la pompe, de la redite.]
La liberté, pour quoi faire ? La liberté pour tout faire, et surtout rien.
[Les mèches folles : la liberté, pour coiffeurs ?]
Une tâche pour poète ou pour penseur un peu rêveur : libérer le mot liberté.
[Un bon militant dirait : ce n’est pas à nous de libérer les mots, ils savent se libérer tout seuls. Le mot liberté n’a pas besoin de votre paternalisme.]
Le mot liberté est le rêve des poètes ; le mot servitude est l’histoire de l’humanité. (Kant reloaded.)
[Le mot rêve lui-même est un mot en sommeil. Dans sa demeure de R’lyeh la morte, le mot rêve rêve.]
Là-dessus, je voulais renverser encore l’idée précédente et terminer sur une note positive ; mais suis-je libre de le faire ?
[Renversements et paradoxes sont des exercices de liberté. Le mot liberté, un jour, peut-être, en jaillira.]
J’aime beaucoup, beaucoup votre texte-poème.
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Merci beaucoup !
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Excellent… Oui, la liberté pour coiffeur…
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Merci Alain. Et vive les mèches folles.
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Cela jette dans l’air une belle interrogation-rêverie. Les mots sont par nature (leur nature d’objets créés pour exprimer) libérateurs. Mais ils sont libérateurs de tout et n’importe quoi : à la grâce du locuteur et du récepteur. De plus, ils sont libres de voyager en dehors de toute raison et de toute assignation, comme par eux-mêmes, car rien ne saurait les attacher.
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