Roue libre (3)

Tout ce qu’un écrivain écrit avec son cœur est voué à l’oubli. Seules ses pitreries et ses demi-vérités seront retenues. Si elles le sont, car le plus probable est l’oubli complet. Souvent, je me rappelle de la dernière partie d’Anna Karénine, de loin la meilleure, et dont peu de gens se souviennent, voire que peu de gens ont lu, car elle se situe après le suicide d’Anna. Au début de ce livre, le personnage secondaire Serge Ivanovitch Koznychev publie son grand-oeuvre, un système politique qu’il a mis six ans à écrire. Il en attend un grand succès, des discussions passionnées, … Continuer de lire Roue libre (3)

Roue libre (2)

L’exigence la plus difficile est d’arriver à écrire des textes à la fois clairs et profonds. C’était l’objet de la théorie qu’on a ensuite appelé classicisme, mais qui s’est en vérité étendue jusqu’au romantisme -les romantiques ont changé d’objets et de valeurs, apporté des variations rythmiques, narratives et descriptives, mais sont restés dans l’ensemble assez clairs. Si Victor Hugo est aujourd’hui l’auteur le plus consensuel, outre ses idées, c’est sa clarté profonde qui fait sa puissance littéraire. Raison pour laquelle les textes de Hugo marchent aussi bien avec les collégiens : les textes sont à la fois riches et plaisants. … Continuer de lire Roue libre (2)

Roue libre (3 février 2023)

Il fallait bien que la fatigue revienne, que les jours s’étirent à nouveau dans le vague. Tout le monde est fatigué, l’époque est fatiguée. On rêve de quitter la cohorte des fatigués pour retrouver l’élite des reposés, on craint de tomber dans le sous-sol des épuisés. Et les questions demeurent irrésolues : « Suis-je fatigué à cause d’un trouble interne ou d’un trouble externe ? Existe-t-il une solution personnelle pour tordre le cou à ce trouble ? Quelle est la place que prennent les crises mondiales (écologiques, sociales, éducatives) dans le fond de ce sentiment ? » On oscille entre haine de … Continuer de lire Roue libre (3 février 2023)

La Rose

étrangers à cette grisaille ces roches planes toi moi le son clair et énergique de l’air comme une balade venue des Balkans ou un film de joie toute ironique toi moi la rose passant de ta main à ma main et tu étais la rose et j’étais la rose nous poussions au bord de l’abîme sur une montagne du Jura ou près des catastrophes les trains passent les voitures klaxonnent au commencement de la rose est sa fin sa durée en perpétuel recommencement je relis mes cahiers et c’est en janvier ma rose que je t’écrivis le plus d’amour – … Continuer de lire La Rose