Lors du dernier repas avant les vacances, dans la salle des profs surpeuplée à cause des réunions parents-professeurs qui allaient composer notre après-midi, quelqu’un exprimait sa satisfaction d’être bientôt libéré du travail pendant les deux semaines autour des fêtes, -j’ai donc pu exprimer ma rengaine d’avant libération, qui doit commencer à en laisser certains : « C’est les vacances, on va enfin pouvoir travailler. »
Enfin, détachés de l’urgence et de l’affairement permanent, nous allons pouvoir réfléchir à nos cours à tête reposée, corriger nos copies en prenant un peu plus de temps que lors des fins de weekend, et, pour les professeurs de français, prendre le temps de lire, souvent au hasard et apparemment hors cours, pour élargir nos perceptions des corpus littéraires, nous laisser à nouveau surprendre par les textes ; et, dans certains cas comme le mien, écrire aussi un peu, mettre sur papier ou sur écran ces perceptions, tenter de penser plus profondément.
Ce début d’année scolaire me fut plus pénible que les précédents. Alors que, l’année dernière, je m’étais retrouvé au coeur de la fatigue à partir de janvier et du premier bac blanc, cette année c’est dès la fin d’octobre que je me suis senti épuisé. La période de novembre-décembre, avec son lot de maladies diverses en ces temps de soi-disant post-covid (les classes sont parsemées de covid, mais aussi de grippes, bronchites et gastro) et sa fatigue structurelle liée au travail, me fut une longue tristesse. Ce sentiment fut renforcé par le fait que, si je suis ainsi épuisé alors que j’ai une équipe administrative sympathique, des collègues formidables et des élèves agréables, c’est que le pays entier doit se noyer sous l’épuisement.
Comme lors des vacances précédentes, mon rêve serait de trouver des ressources intérieures pour faire crever ce trouble. Mettre en place un ensemble de techniques quotidiennes pour réguler la fatigue, et ainsi me dégager plus temps pour les réalités importantes : l’amour, la vie de famille, l’écriture. Peut-être me pardonnera-t-on alors de m’épancher quelque peu par ici : je tente d’aller mieux.