Pause (3)

Les heures passent et l’affairement s’estompe. Hier, tombant sur une liste SensCritique consacrée à la philosophie antique, je me trouvai à relire Les Vers d’Or pythagoriciens, les fragments de Parménide et ceux d’Archytas de Tarente, philosophe que j’ignorais jusqu’ici. Dans mon élan, je me retrouvai à reprendre le grec ancien, cette langue que plusieurs fois je commençai, sans pouvoir y prendre pied : j’avais demandé en fin de Troisième un lycée où faire l’option grec, mais cette option n’était pas dérogatoire et cela me fut refusé ; j’en ai fait deux mois en hypokhâgne avant d’abandonner par stratégie, l’anglais me donnant moins de difficulté qu’une deuxième langue ancienne (j’avais déjà du mal en latin) ; puis une année à l’ENS, avant d’abandonner là aussi par stratégie, -déjà père, il me fallait aller au plus simple pour être sûr d’avoir mon master puis les concours de l’enseignement, j’ai donc laissé tomber le superflu. Tout cela pour dire que, si j’ai pu me laisser aller à ces petits saufs durant l’après-midi, plutôt que de corriger des copies, c’est que les urgences matérielles s’effacent, que la pause peut réellement commencer.

Je commençai cette série de textes dans l’idée de chercher une quelconque objectivité, une ligne droite, des formes claires, -ce pourquoi j’illustrai chaque texte par une toile de Mondrian, comme si sa géométrie devait m’être un but, une limite à viser. Cette troisième livraison m’oblige à constater que c’est ma série la plus subjective, la plus personnelle, mêlant des registres que j’avais jusqu’ici évité sur ce site depuis sa création. Le naturel est visiblement revenu au galop, ou alors est-ce la fatigue qui oblige à revenir à soi, le monde extérieur se perdant en brume incertaine.

N’ayant pas réussi à finir Aurélien d’Aragon, j’ai pris Oberman de Senancour, livre qui correspond bien mieux à mon état d’esprit : roman sans péripétie, mâtinée de réflexions philosophiques et de descriptions gratuites. L’autre jour, je le lisais près du Rhône, pendant que ma fille jouait au square. Il faisait beau et frais. Il y avait ce passage où le narrateur, dans les Alpes suisses, abandonné presque tous ses vêtements pour marcher dans les neiges éternelles. Il en ressent un grand bonheur. Rentrant chez moi, j’éternuais, toussais et avais le nez coulant ; n’étant pas un personnage de récit romantique, je ne pouvais pas sortir dans le froid sans retomber malade. Cela m’a amusé.

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