Irrésolutions

Comme chaque année, au moment où chacun songeait plus ou moins sérieusement à ses « résolutions » pour l’année à venir, je pensais : « Cette année, une résolution : pas de résolution. » Les étapes de l’année, et particulièrement le passage d’une année à l’autre, étant cependant propices aux bilans et autres examens d’existence, il me vint néanmoins l’envie de lister un certain nombre de problèmes, de velléités entrechoquées et souvent contradictoires, au sein de mon propre parcours.

1. Velléités entrechoquées. Vouloir bien travailler, avoir une belle vie de famille, lire et écrire entraîne déjà des difficultés majeures. Ne serait-ce qu’un seul de ces quatre domaines pourrait avaler tout le temps disponible. On compose, on abandonne l’un ou l’autre. Que dire alors quand on s’intéresse aussi au cinéma, à la musique, aux bandes dessinées, à l’actualité ? A chaque nouvelle période, je choisis plutôt ce que je vais abandonner, à rebours des résolutions habituelles. Plus que « une résolution : pas de résolution », je me résous à l’abandon de tel ou tel domaine. Depuis longtemps ai-je ainsi abandonné, à quelques exceptions près, les séries, trop coûteuses en temps. Commençant 2023, je me résous à laisser tomber ma récente reprise du grec ancien, et à aller moins sur les réseaux sociaux, en particulier Twitter.

2. La littérature. L’année précédente fut plutôt abondante en lectures. Vous en trouverez le déroulé chronologique sur mon journal de lecture, qu’on trouve ici : https://www.senscritique.com/liste/journal_de_lecture_2022/3163371?mode=preview. Contrairement à ce que je souhaitais faire (c’était l’une de mes résolutions de l’année passée, car vous aurez compris que je suis finalement comme tout le monde et que je laisse parfois aller à en faire), malgré de notables exceptions, j’ai surtout lu des œuvres courtes, principalement des recueils de poèmes ou de courts essais, ainsi que de longues nouvelles. Comme à l’été 2021 où j’avais réservé une part notable de l’été à Solénoïde de Cartarescu, j’ai réservé l’été aux Versets sataniques de Salman Rushdie (dont j’ai rendu compte de ma lecture ici : https://www.senscritique.com/livre/les_versets_sataniques/critique/273200736). La question des lectures à venir reste irrésolue. Probablement continuerai-je avec ma méthode habituelle, à savoir l’absence de méthode : lire au hasard des recommandations, des visions en librairie ou en bibliothèque, des impulsions du moment.

3. L’écriture. Ce que j’écris et qui ressemble à de la poésie ne me satisfait pas. Il y a un travail de fond à faire pour retrouver un rythme, des profondeurs. Je l’avais commencé ici avec ma série de « recherches poétiques » : https://anathnosfe.fr/2022/08/28/recherches-poetiques-1/ Finalement, toujours primesautier, j’ai cherché d’autres formules. La satire m’a rapporté le plus de vues par ici (https://anathnosfe.fr/2022/10/23/entrer-a-lacademie-methode/), même si mes quelques essais poétiques autour du Rhône passant près de chez moi ont aussi eu un peu de succès (https://anathnosfe.fr/2022/10/30/la-forme-dun-fleuve/) Là aussi, la question d’une ligne d’écriture reste irrésolue : les lecteurs de ce site savent que nous passons du coq-à-l’âne, dans le refus complet d’une « ligne éditoriale ». Cela empêche l’arrivée de lecteurs plus nombreux, mais nous ne pouvons faire autrement : aller contre notre tempérament ne mènerait qu’à l’absence de contenu.

4. La politique. C’est peu de dire que 2022 a été une année charnière, avec l’entrée résolue dans la catastrophe écologique et dans la catastrophe sociale. Ce n’est pas faute de prévenir depuis une dizaine d’années (dans mon cas), et depuis bien plus longtemps pour nos militants aînés. Notre camp n’est pas en reste de catastrophe : la gauche presque entièrement unie n’obtient pas la majorité à l’Assemblée ; malgré le renforcement par rapport à la précédente législature, c’est un désastre. Nous vivons le temps des désastres relatifs. Sans parler de l’affaire Quatennens et des militants qui s’insultent de part et d’autre autour de cette question. On continue de discuter, de lire et d’avancer nos idées, prêts pour les occasions meilleures.

5. Quelques lueurs. Certains auront compris que 2022 me fut une année pénible. J’aimerais terminer par autre chose que la risible rengaine des vœux présidentiels : « L’année XXXX fut rude. (…) L’année XXXX sera celle du renouveau » (même discours depuis quinze ans). C’est le piège de tous les exercices de type « Bilan et perspectives », que les marxistes ont pratiqué en leur temps avec la même ardeur répétitive. Nous sommes le 3 janvier et je me sens reposé ; c’est déjà ça. Je ne résoudrai pas aujourd’hui l’entrechoquement velléitaire ; ce n’est pas grave. En 2023, je voudrais surtout rester en forme. Ce n’est pas facile.

Bonne année à tous.

4 réflexions sur “Irrésolutions

  1. Oui, beau thème que celui des « Irrésolutions » (dommage que notre bien-aimé Président ne sache pas se départir du style pompier et « imprévisible » de ses discours en toc), que vous avez su accommoder sans soucis.

    Le hasard est à lui seul une résolution qui nous dépasse ou nous entraîne : il n’est pas utile d’asséner des « vœux aux Français », pendant dix-neuf minutes, pour jouer à « l’homme d’État » quand on se les met à dos avec, entre autres, la réforme des retraites et autres plaisanteries malsaines.

    Il nous revient de lutter contre l’avachissement politique ! 😉

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